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Chaussures médiévales
Outre le nom de la commune, les poulaines étaient également des chaussures (ou souliers) du Moyen Âge destinées aussi bien aux femmes qu’aux hommes.
Mode du 14ème et 15ème siècles, il s’agissait d’une chaussure allongée dont l’extrémité pointue, généralement relevée, pouvait mesurer jusqu’à 50 cm.
La longueur de la pointe était proportionnelle à la classe sociale de l’individu : plus elle était longue, et plus le rang social était élevé. Pour les rois, la taille de la pointe pouvait être aussi grande que voulu.
Le bout était rembourré de mousse ou de chanvre pour garder une certaine rigidité à la pointe.
Le clergé réprouvait ces chaussures car le bout pointu de la poulaine permettait de relever la robe de la demoiselle assise en face, pouvant ainsi la faire remonter autant que faire se pouvait... De plus, sa longueur empêchait de s’agenouiller pour prier.
Charles V interdît ces chaussures par l’ordonnance royale de 1368, mais la mode perdura jusqu’en 1470.
" L'histoire est faite de dates, de hauts faits, de catastrophes et de grands hommes, mais aussi et surtout d'anecdotes, de vies ordinaires, de gestes et d'habitudes. De ces usages qui naissent et disparaissent, parfois sans laisser de traces, et qui pourtant disent tant de l'époque qui les a vus naître [...]
Sens, un jour de printemps 1360
Il est dans son cabinet privé, il est prêt à sortir, on l’attend, mais il hésite… Il ne cesse de fixer ses pieds, il joue avec le bas de sa tunique, il marche un peu, il doute, mais en même temps il se pavanerait presque. Sauf la chaînette, il n’est pas très sûr… Mais la pointe qui se dresse avec tant d’insolence, il adore. Oh et puis la chaînette finalement, c’est pas si mal, ça tintinnabule un peu quand il marche et puis ça brille… Elles pouvaient être en cuir, en toile ou en tissu précieux, parfois bicolores ou même brodées pour les plus raffinées. On les portait à l'intérieur, et pour sortir, on les chaussait avec des socques de bois pour ne pas les abîmer. Les poulaines étaient des chaussures étroites et dont la pointe, au fur et à mesure des années, s’est allongée et recourbée jusqu'à faire comme une corne. Parfois, elle est si longue qu'il faut bourrer l'extrémité de chanvre, de paille, d’étoupe ou de laine pour ne pas se prendre les pieds dedans. Les jeunes gens de la cour de Charles V au XIVe siècle, qui sont plutôt arrogants, les arborent avec fierté et un certain sens de la provocation puisqu'ils portent aussi des manches fendues qui traînent jusqu'au sol, des tuniques terriblement courtes et des chausses bicolores et moulantes... Mais le temps passe encore et la pointe se recourbe de plus en plus au point de s'enrouler sur elle-même en une improbable spirale.
Les poulaines, signe extérieur de richesse
Ce qu’il faut comprendre c’est qu’en poulaines on ne peut pas marcher vite ni s’activer, et c'est cela le message principal : seuls les riches et les puissants qui ne se fatiguent pas à travailler peuvent les porter. Parfois, la pointe de la poulaine se divise en deux, et plus rarement, en un raffinement suprême et absurde, les pointes se recourbent vers le bas, interdisant la marche, ne pouvant donc qu'être l'apanage des cavaliers... autant dire pas n’importe qui.
On dit que les poulaines sont les héritières des pigaces, apparues au XIe, des chaussures plus modestes, mais au bout tout aussi pointu. La légende, rapportée par un chroniqueur, Orderic Vital, raconte que Foulque le hargneux, comte d'Anjou, les mit à la mode pour cacher la difformité de ses pieds. On dit aussi que leur nom est une déformation du mot "polonaise". En Angleterre d'ailleurs, on les appelle des crakow, du nom de la ville de Cracovie. Certains chroniqueurs médiévaux misogynes ont voulu voir dans cette mode déplorable l’influence néfaste d'Anne de Bohême, la femme de Richard II, tandis que d’autres, plus honnêtes ou moins xénophobes, ont bien remarqué que les cracoviennes pointues étaient là bien avant la reine. Ce qui est sûr, c’est qu’entre le XIVe et le XVe siècle, les excroissances sont à la mode : les femmes de la haute société mettent sous leur tuniques de petits sacs pour se donner un léger embonpoint - celui des riches bien nourris - elles portent des hennins qui forment comme un gros pain de sucre sur la tête et auquel est fixé un voile - plus ou moins long selon le rang social - et aussi des truffeaux, des coiffures à cornes pourvues d’armatures de métal, couvertes de tissus ou de cheveux, et elles aussi recouvertes d'un voile... "
Farid Chenoune pour France culture